Vite vu : L'Aigle de la neuvième légion
Je sais qu'un brin de bon sens voudrait qu'en ce week-end d'Halloween je vous parle d'un film d'horreur mais, vu que je fais ça régulièrement et que l'un de mes petits plaisirs de la vie est de remonter les foules en sens inverse, je vais plutôt vous parler, rapidement, d'un péplum. Et, une fois n'est pas coutume, c'est d'un film récent que je vais vous parler : "L'aigle de la neuvième légion".
Sans vouloir jouer les vieux schnocks (ce qui à mon âge serait tragique), je n'ai pas le souvenir de bons péplums récents. Évidemment, il y a "Gladiator", qui garde dans mon cœur une place particulière... mais d'autres, comme "Vercingétorix" ou "Le Choc des Empires" ont pris une place peu enviable, non dans mon coeur mais dans mon "Club des films que ça a été une morsure aux fesses de les voir jusqu'au bout".
Donc, un péplum de série B avec Channing Tatum en plus (dont je ne suis pas super fan)... disons que ca ne sentait pas génial. C'est avec appréhension, donc, que j'engouffra engouffri que j'ai engouffré cette galette dans mon lecteur, qui en avait pourtant vu d'autres. Et soyons clairs, je m'attendais à voir l'Histoire se faire malmener dans tous les sens dans un naveton sans âme.
Première bonne surprise: le scénario est un peu original. Nous sommes en 140 ap. J.C., sous le règne d'Antonin le Pieux, qui passe pour être l'un des plus paisible de l'Histoire de Rome. Et dans la mesure où il s'agit d'un règne infiniment chiant à étudier, je serais tenté de le croire. S'il y avait peu de guerre c'est notamment parce que Rome avait trouvé ses limites, notamment au Nord, chez les Pictes (les actuels Ecossais). Pour tout vous dire, on a même longtemps douté que les Romains soient allés en Ecosse tellement leurs incursions ont été rares. Et pour causes puisque les Pictes, se sont révélés des adversaires coriaces et leurs terres trop peu intéressantes pour risquer des vies. C'est ainsi que l'empereur Hadrien érigea le mur qui porte son nom et qui marquait la frontière entre monde civilisé et terres barbares.
C'est dans une garnison près de ce mur qu'arrive un jeune centurion : Marcus Flavius Aquila ("Aigle" en latin). S'il a demandé à y être affecté, ce n'est pas pour essayer de se couvrir de gloire mais pour restaurer l'honneur de sa famille. On apprend, en effet, que vingt ans auparavant, la Neuvième Légion, commandée par son père, avait disparu au delà du mur d'Hadrien. Déshonneur suprème, son aigle, l'emblème de Rome que chaque légion portait sur son enseigne, était maintenant au mains de l'ennemi. Le but d'Aquila est simple: aller en territoire Picte, accompagné d'un esclave Breton, Esca, afin de récupérer l'aigle de la Neuvième Légion.
Constatation que font beaucoup de gens qui ont vu ce film: il ressemble plus à un western qu'à un péplum. Vous remplacez les légionnaires par des tuniques bleues, les Pictes par des apaches et la Calédonie par le Nouveau-Mexique et vous avez un scénario digne d'un film avec John Wayne. Autre aspect intéressant du film, le changement de rôle entre le maître et l'esclave de part et d'autre du mur, Aquila découvrant une terre bien plus sauvage qu'il ne l'imaginait (il va falloir que tu supportes de voir des enfants se faire tuer, lecteur) et où, sans son esclave, il n'aurait pas survécu une heure.
Que dire de plus, si ce n'est que mes craintes du début ont été vite dissipées : il y a assez peu d'invraisemblances. Tenez, la Neuvième Légion dont il est question dans le film a bel et bien disparu vers 130 ap. J.C... bon ce n'était pas en Ecosse mais l'intention y est. Et de façon générale, la réalité historique est superbement respectée, même pour un puriste dans mon genre.
Quant à Channing Tatum, même si on ne m'ôtera pas de l'esprit qu'il lui manque deux-trois points de charisme, son duo avec Jamie Bell, qui joue Esca, est assez intéressant. Et un film qui me fait apprécier Channing Tatum ne peut être qu'une réussite.