Ultime Combat

Publié le par Antohn

J'ai déjà eu l'occasion de le sous-entendre dans certains articles, mais je suis toujours étonné et attristé par les films traînant une réputation à cent lieues de ce qu'ils sont réellement. Vous aurez toujours des gens persuadés que « Massacre à la tronçonneuse » est un film gore, que « Conan le Barbare » est une série Z décérébrée ou que « Rocky » est une merdouille patriotarde et manichéenne. Cela tient parfois aux suites de ces films, souvent moins réussies et s'écartant du sujet original ou bien à de pâles copies au rabais que leur succès a engendré : il suffit de voir le nombre de sous-Conan qui ont éclôt après le film de Milius pour comprendre qu'un bon nombre de réalisateurs n'ont retenu du métrage original que les barbares torse nu et les monstres en caoutchouc. C'est pareil avec « Rambo » : le résumer seulement à « un type qui tire sur des méchants à la Gatling en criant « Beuuuuuuargh » » est pas mal réducteur. Et pourtant, nombre de films ont gardé seulement l'image du super-soldat invincible qui dégomme une armée à lui tout seul, en envoyant valdinguer toute la dimension psychologique du personnage d'origine. En témoigne le film, d'aujourd'hui, "Ultime Combat".

  ULTIME COMBAT (1987)

Mélange entre « Rambo », « La chasse du comte Zaroff » et « Chasse et pêche », « Ultime Combat » se veut avant tout un moyen de mettre en valeur son acteur principal : Ted Prior, le frère du réalisateur: David Prior. Acteur, producteur, culturiste et ancien modèle pour le magazine « Playgirl » (une version féminine du magazine « Playboy »), Ted Prior avait déjà tourné quelques films auparavant, dont un qu'il faudrait que je choppe un jour, intitulé "Surf Nazis must die", et « Ultime Combat » devait être avant tout un moyen de le faire connaître, de le filmer sous tous les angles et de montrer que mille bombardes, lui aussi peut être Stalonne !

Oui, parce que si vous n'aimez ni les nanars, ni les films d'action ni les types en mini-shorts, je vous le dis tout net : ce film n'est pas fait pour vous. Parce que si vous vous attendiez à un brin de profondeur ou à un scénario subtil, vous allez être déçus.

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Pour reprendre une analogie que j'ai probablement utilisée un jour ou l'autre : quand j'avais six ans et que je jouais aux Legos j'inventais des histoires plus crédibles. Tout commence dans une forêt, à 75 miles de Los Angeles, dans un camp de mercenaires commandés par le général Hogan. Cet ancien instructeur de l'US Army avait, peu après la guerre du Vietnam, quitté l'armée, dégouté par l'attitude des technocrates de Washington qui refusaient de reconnaître ses méthodes. Et quelles méthodes !

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Car ici intervient le point le plus croustillant de cette histoire : Hogan essaie de faire comprendre à ses élèves que la guerre est un jeu, que, pour paraphraser de Gaulle, « La guerre c'est comme la chasse, sauf que les lapins ont des fusils ». Que fait-il donc ? Il les fait courser à quinze un pauvre bougre kidnappé quelque part et lâché, désarmé, dans la forêt. La tâche pourrait sembler facile si toute erreur n'était pas, malgré cela, punie de mort.

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Après avoir accueilli quelques nouvelles recrues, qui expliquent chacune qu'ils sont d'ignobles enflures qui ne font ça que pour le fric et le fun (on sait jamais... si on se prend d'empathie), Hogan envoie deux de ses hommes à la recherche d'une nouvelle cible vivante. Et là, comme le veux l'expression, "c'est le drame !" Ces zozos ne trouvent pas plus rigolo que d'enlever un certain Mike Danton, alors qu'il sortait ses poubelles dans une tenue... propice à sortir les poubelles (donc ignoble). Petit souci, Danton est un vétéran de guerre et pas n'importe lequel : un ancien élève d'Hogan. Et il faut croire que la méthode consistant à sulfater du mexicain fonctionne vu que, comme le dit la jaquette de la VHS : « Au Vietnam il était le meilleur... Il l'est toujours ».

Vous noterez tout de même comme le Destin peut être facétieux.. oui, à ce point là je mets un « D » majuscule.

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Une tenue ignoble mais assortie aux sacs poubelle, il faut savoir conserver un minimum de classe.


En parlant de faire des farces, notre bon Mike, une fois lâché en calbutte dans la forêt (bon c'est le short qu'il avait à la base mais l'effet est le même), ne va pas fuir comme la proie de base mais va décider de se défendre comme tout bon héros qu'il est. L'occasion alors d'assister à une succession de meurtres à la furtivité douteuse et renforçant l'idée selon laquelle « C'est vraiment con un méchant ».

 

 

Et là vous n'avez qu'un bref aperçu : le gros du film consistant en un jeu de cache-cache mortel ponctué par des morts plus ou moins crétines. Bon, je ne dis pas qu'Hogan n'essaie pas d'utiliser quelques mesures de rétorsion mais ce sont des méthodes de méchants basiques. Comprenez par là qu'il fait zigouiller le beau-père de Danton et fait enlever sa femme, avant de la violer. Il est vrai que ça a souvent porté ses fruits : qui pourrait penser que Danton irait se venger ?

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Et il va se venger, dans l'esprit du film ! Comprenez par là qu'il va balancer un gros « fuck » à la logique et, après s'être fait capturer, va s'évader, affronter un tank à mains nues après s'être relevé indemne de l'explosion d'un obus et retourner, à pieds chez lui. Nous sommes à 75 miles de Los Angeles quand même, et notre brave Mike va pouvoir se balader quasiment à poil pendant 120 kilomètres sans éveiller les moindres soupçons (enfin si, il y a bien deux rednecks qui se disent que « décidément les gens de la ville c'est des cinglés » mais c'est tout). Une fois sur place, il récupère son équipement et revient dans la forêt (à nouveau à pieds).

Et c'est là que ce qui était débile passe dans le carrément crétin.

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En gros Danton piège la forêt, un peu comme Stallone dans le premier « Rambo », avec l'aide d'un ancien compagnon d'arme du Vietnam, devenu mercenaire mais rangé du côté lumineux de la force après que son vieux pote Danton lui ait fait comprendre que tirer sur des innocents c'est pas bien. Reste à ce qui reste des autres affreux jojo de se faire choper comme n'importe quel boy scout débutant. Quant à ceux qui ne tombent pas dans ses chausses trappes, ils se font tuer par un Danton surgissant un peu de n'importe où, un peu comme Droopy mais en plus dangereux.

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"You know what ? I'm angry !"

A la décharge des méchants, ils ne sont pas aidés par deux facteurs : le premier étant que, si Hogan a appris à Danton à poser des pièges, il n'a pas appris à ses hommes comment les éviter. Le second : pas une arme ne semble parvenir à toucher son but... même à bout portant ! Vous voulez un exemple ? En voilà quelques uns.

ATTENTION : La vidéo qui va suivre contient des traces de spoilers.

 

 

En définitive, « Ultime combat » est le prototype même du film que l'on pouvait louer il y a quinze ans, pour occuper un samedi soir : vite écrit, vite tourné, vite sorti et vite vu. Là où il se démarque de ses congénères, c'est par un scénario tellement bourré d'incohérences qu'il semble avoir été écrit par un gamin jouant avec ses GI Joe. On pourra mettre ses imperfections sur la confiance que David Prior avait dans le charisme de son frère : il a peut-être pensé qu'il allait crever l'écran et sauver le film (Karloff l'avait bien fait avec « Frankenstein »). S'il est vrai que Ted Prior est un acteur honnête, force est de constater que ce qu'on lui fait jouer détruit tout ce qu'il aurait pu avoir de potentiel. "Ultime Combat" devait être une révélation, il est "seulement" devenu l'un des nanars les plus emblématiques du genre.

Tellement emblématique que, en novembre 2013, les frères Prior ont remis le couvert et sorti une suite, en direct-to-dvd : "Deadliest Prey", visiblement commandable sur un site... assez fidèle au film d'origine.

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Fichet technique :

Titre original : Deadly Prey

Pays : Etats-Unis

Réalisateur : David A. Prior

Année : 1987

Durée : 1h28

Genre : Promenons-nous dans les bois, tant que la logique n'y est pas.

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