Starcrash, le choc des Etoiles

Publié le par Antohn

 

Une nouvelle année vient de commencer et, même si le numéro du "bonne année! bonne santé! meilleurs voeux!" ne me plaît pas plus que çà. Ce n'est pas pour autant une raison de se laisser aller et nous allons faire en sorte que les présages soient bons pour cette année. C'est pourquoi, heureux veinards, j'ai décidé de commencer l'année en ouvrant une bonne bouteille, le genre de nanars dont je n'ai que peu d'exemplaires et que je gardait pour les grandes occasions.

Quel est donc ce mastodonte de l'étrange ? Et bien ni plus ni moins que « StarCrash, le choc des Étoiles » de Luigi Cozzi.

 

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L'affiche originale (source: wrongsideoftheart.com)

 

Plaçons nous dans le contexte : nous sommes en 1978. L'année d'avant, un film de science-fiction sorti en France sous le titre « La Guerre des Étoiles » avait rencontré un succès absolument phénoménal, brassant des millions de dollars et marquant le début d'une saga devenue mythique. C'était une époque où le cinéma d'exploitation italien, après avoir vécu des westerns et des péplums, cherchait un nouveau moyen de subsister, notamment en recopiant, parfois bêtement, des films qui avaient eu du succès. Si le public veut des vaisseaux spatiaux, des lasers, des robots et des méchants interstellaires, ils en auront et plutôt deux fois qu'une.

 

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Tout commence donc dans une galaxie lointaine, très lointaine, dans un espace où scintillent des étoiles bariolées, un décor qui n'est pas sans rappeler l'espace en boules de noël de « Turkish Superman ». Après un générique défilant, idée piquée à vous-savez-qui (qui lui-même l'avait piquée à "Flash Gordon") , nous faisons la connaissance d'Akton et Stella Starr, deux pirates intergalactiques poursuivis par la milice spatiale (enfin ce qui en tient lieu). Au bout de quelques minutes, le malaise s'installe : non seulement parce que les deux zigotos ne sont pas les plus crédibles du monde en bandits sans foi ni loi mais aussi parce que l'on comprends assez rapidement que ce seront eux les héros, les aventuriers sans peur que l'on va devoir supporter pendant une heure et demie.

 

vlcsnap-2012-01-01-11h58m59s18Un mot sur la musique du film. Faute de John Williams, la production voulut engager Ennio Morricone pour réaliser la bande sonore. Ce dernier ayant refusé, ce fut John Barry qui fut engagé et qui signa la musique de "Starcrash" sans avoir vu le film, la production craignant qu'il ne refuse à son tour. 

 

Je pense néanmoins qu'il serait de bon ton de vous les présenter : le grand dadais chevelu à l'air halluciné, c'est donc Akton, une sorte d'extraterrestre mal défini possédant une ribambelle de pouvoirs qui ont le bon goût de se manifester au moment opportun. Comprenez par là que les scénaristes lui donnent un nouveau pouvoir dès qu'ils en ont besoin pour faire avancer l'intrigue. Akton est joué par un certain Marjoe Gortner. Pour l’anecdote, son prénom est une contraction de « Marie » et « Joseph » et lui avait été donné par des parents qui faisaient partie de l'une de ces nombreuses sectes évangélistes qui existent aux Etats-Unis. Né en 1944, Marjoe se fait connaître dès 1948 en devenant, à quatre ans, « Le plus jeune ministre du culte du Monde », il va d'églises en églises précher la bonne parole et aurait même célébré un mariage.

Avec l'adolescence, il prends du recul avec le monde de l'évangélisme, dégoûté, semble-t-il, par l'hypocrisie et l'intolérance de bien des fidèles et par le fait que ce milieu était envahi de charlatans.

En 1972, il joua son propre rôle dans le documentaire « Marjoe » (Oscar du meilleur documentaire) où il dénonça cet état de fait. Il se détourne alors de la prédication et commence une carrière dans la musique puis dans la comédie, tournant dans une trentaine de film de 1973 à 1995. Il se fit ensuite organisateur d’événements caritatifs et, à l'heure actuelle, il coulerait une retraite paisible quelque-part.

 

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Quant à Caroline Munro, qui joue Stella Starr, visiblement une simple humaine, il s'agit d'une mannequin anglaise qui posa pour notamment pour Vogue et qui se fit connaître dans des films de la Hammer, en jouant la défunte femme du Dr Phibes (Vincent Price) dans« L'abominable Dr Phibes »et « Le retour de l'abominable Dr Phibes ». Elle enchaîna ensuite en jouant dans « Dracula 73 » (sorti en 1972) puis « Capitaine Kronos, Tueur de vampires » (1974). Ces quelques expériences finissent par lui donner une certaine réputation dans le milieu du cinéma d'horreur. En 1977, elle donne même la réplique à Roger Moore dans « L'espion qui m'aimait », la faisant ainsi entrer au panthéon des James Bond girls. Une carrière que bien des actrices lui auraient envié mais qui, il faut bien le reconnaître semble davantage dû à son physique qu'à ses talents d'actrice.Une preuve:

 

Vous noterez la subtilité du jeu et la vacuité des dialogues.

 

 

 

Oui, Caroline Munro joue mal et le fait qu'elle passe une bonne partie du film dans un costume de dominatrice sado-masochiste1 montre bien que personne n'était dupe et que l'habiller comme ceci revenait surtout à savoir utiliser ses compétences (mauvaise langue, moi?).

 

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Akton et Stella donc, puisqu'un scénariste facétieux nous a fait suivre leurs aventures, parviennent à échapper à une patrouille, pour arriver nez à carlingue avec ce qui reste d'un vaisseau abandonné. Pénétrant à l'intérieur, ils se rendent compte que tout le monde y a été massacré, le seul survivant se contentant de leur bredouiller des choses comme « il faut prévenir l'empereur... aaaargh ! ».

Se demandant ce qu'à bien pu vouloir dire ce pauvre bougre, ils ne remontent dans leur vaisseau que pour se faire prendre par la patrouille.

 

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Jugés d'une façon qui aurait fait sangloter un stalinien (c'est à dire en trente secondes, par un ordinateur et sans le moindre avocat à l'horizon), ils sont condamnés à plusieurs siècles de travaux forcés dans des pénitenciers de haute sécurité. Voici donc Stella (oui, parce qu'Akton on s'en fiche) envoyée balancer des boules dans des trous, dans un pénitencier qui ignore le port de l'uniforme (les travaux de force en talons ca doit être redoutable). Rapidement, elle tente de s'échapper de cet Alcatraz futuriste et... y parvient assez facilement, en assommant deux gardes et en s'emparant de l'arme de l'un d'entre eux. Cette évasion ne servira à rien puisque de toutes façons, elle est récupérée par un vaisseau de la milice spatiale qui lui apprends qu'on a besoin d'elle pour une mission suicide et que donc ca tombe bien qu'elle se soit enfuie, ça diminue la paperasse.

 

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Le juge-ordinateur, qui n'est pas sans rappeler, pour les spécialistes, le chef des extraterrestres dans "Les envahisseurs de la planète rouge" (1953)

 

Une fois Akton récupéré (vous aussi vous l'aviez oublié?) on leur apprends que l'empereur himself veut les voir. Et là tenez vous bien, puisque l'empereur c'est Christopher Plummer, jouant les vieux monarques figés dans la posture hiératique du vieux monarque qui en a vu d'autres. En fait, Plummer n'a été embauché que pour faire joli sur l'affiche (« Hé Star Wars avait eu Alec Guinness, nous on a Christopher Plummer ! »), avait tourné toutes ses scènes en une journée et affichera donc tout au long du film le regard typique de l'acteur qui a tourné là-dedans pour payer ses factures de gaz.

 

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Christopher Plummer qui n'a rien à fiche de ce film et qui ne fera même pas semblant.


Impliqué ou pas impliqué, il annonce à Peter et Sloane que l'infâme Zarth-Arn a des vues sur la galaxie et qu'il aurait mis au point une arme terrible capable de détruire l'univers et cachée dans une planète. Quatre expéditions furent envoyées sur quatre planètes différentes mais aucune n'est revenue, c'est donc à Corinne et Jeannot d'aller inspecter les lieux pour trouver le bon endroit. Et accessoirement retrouver le fils unique de l'empereur qu'on avait jugé intelligent d'envoyer en mission-suicide.

Quatre planètes, un quart-d'heure par planète, de quoi donc tenir une bonne heure de métrage pour pas cher.

 

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L'ignoble Zarth-Arn (Joe Spinnel). La question est "pourquoi est-il si méchant?". La réponse est simple "Est-ce que coiffé et habillé comme çà vous n'auriez pas vous aussi envie d'égorger des chatons?"

 

Accompagné d'un robot, Elias, et d'un type peint en vert, Thor, ils partent donc et commencent par une planète dominée par des amazones. Là, Stella est rapidement capturée par ces guerrières et menée à leur reine, Corelia. On apprends alors qu'elle est l'alliée de Zart-Arn et que pour cela elle va être obligé de zigouiller notre héroïne. Une bagarre plus loin, Stella s'enfuit avant d'échapper à un robot géant, sorte de poupée mal animée digned'un vieux « Sinbad ». Tout est bien qui finit bien, Zarth-Arn n'est pas là, on a eu droit à un catfight, on peut passer au niveau 2.

 

 

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Le niveau 2, c'est la planète enneigée où on, apprends que Thor est un traître, comme sa couleur verte le laissait supposer. Après avoir assommé Akton, il tente de laisser Elias et Stella seuls sur la planète. C'était compter sans deux choses qui ni lui ni personne n'avaient pris en compte : Akton est invulnérable aux rayons lasers et tenir la main d'un robot permet de survivre des siècles dans un environnement hostile.

 

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Le robot Elias est cantonné à celui de C3PO du pauvre et passe son temps à se chamailler avec Stella. Il est assez interressant de noter que l'acteur dans le costume est un certain Judd Hamilton qui n'était ni plus ni moins que le premier mari de Caroline Munro, ce qui rajoute un peu de sel à la situation.

 

Level 3, Bob et Bobette arrivent en vue d'une planète où ils sont accueillis à coup de lasers dessinés à même la pellicule intergalactiques. N'importe qui pourra vous dire que ça chauffe. En parlant de chauffer, c'est le moment que choisis Caroline Munro pour enfiler une tenue un peu plus couvrante : il semblerait qu'en cours de route, les producteurs se soient rendus compte que son costume avec fenêtres sur cour n'était pas forcément adapté à un jeune public et si le film voulais conserver une chance d'être passé à la télévision, il fallait donc remédier à ce soucis. Voilà pourquoi, en plein milieu du film, l'actrice principale passe sans explications d'une tenue à une autre.

 

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La base de Zarth-Arn, une espèce d'énorme main articulée, où comment illustrer l'expression "Une main de fer dans un gant d'acier".

 

Cette planète s'avère néanmoins plus intéressante que la précédente, vu que Stella y est capturée (une fois de plus) non par des amazones mais par des hommes des cavernes mal maquillés. Alors qu'ils destinaient au sacrifice, ils sont mis en déroute par un brave chevalier interstellaire, au visage recouvert par un masque en carton et armé d'un sabre-laser (on va mettre çà sur le compte de l'hommage, si vous n'y voyez pas d'inconvénient). Il enlève son masque et apparaît alors un visage bien connu des amateurs de bisseries : celui de David Hasselhof, qui à l'époque ne traînait pas cette image d'acteur ringard qui le handicape aujourd'hui.

 

 

 

 

Un lecteur attentif (et je sais que vous êtes attentifs) se posera la question suivante : que fichait ce type masqué sur cette planète ? Ce qu'il faisait sur cette planète, c'est simple : il s'appelle Simon et il est le seul survivant de l'expédition qui s'est écrasée ici (et accessoirement, c'est le fils de l'empereur mais c'est un rebondissement qui n'interviendra que bien plus tard et que tout le monde aura vu venir). Quant au masque, il est simplement du au fait que David Hasselhof avait contracté une intoxication alimentaire juste avant le tournage, ce qui fait qu'il fut obligé de se faire doubler pour certaines scènes par un membre de l'équipe technique, revêtu d'un masque fabriqué à la va-vite.

 

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S'ensuit un combat final sur la base de Zarth-Arn où l'on se rends compte que son arme redoutable ne l'est pas autant qu'elle le devrait et qu'il y a finalement plus à craindre de ses deux golems, aussi moches et mal animés que le robot des amazones. C'est le moment qu'Akton choisit pour mourir (il peut repousser des lasers, faire apparaître des filaments électriques, ressusciter les morts et prédire l'avenir, il semble qu'il ne soit pas en mesure de survivre à une blessure au bras), nous privant ainsi de ses pouvoirs rigolos. Nous ne le pleurerons pas longtemps pourtant, vu que l'empereur lui-aussi peut faire des trucs utiles, comme, par exemple, arrêter le temps (pratique pour s'enfuir d'un vaisseau sur le point d'exploser).

 

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Les golems. J'en faisais pareil, étant gamin avec des Legos et des sabres de Playmobils.

 

Quant à Zarth-Arn, c'est lui qui le vainct, grâce au StarCrash, l'arme qui donna son nom au film et dont le fonctionnement reste assez énigmatique (une histoire de quatrième dimension). Vous constaterez donc que l'empereur à envoyé quatre navettes bourrées de soldats, parmi lesquels son fils unique, en mission-suicide. Il a ensuite libéré deux criminels en les confiant à la garde d'un robot et d'un homme à la loyauté douteuse pour les envoyer eux-aussi dans une mission périlleuse. Il a ensuite risqué sa propre vie en pénétrant lui-même dans le vaisseau de son ennemi et ne s'en est sorti que grâce à une astuce scénaristique tirée par les cheveux...

...Et tout çà alors qu'il avait depuis le début le moyen de vaincre son ennemi, on se croirait dans un épisode des « Chevaliers du Zodiaque » !

 

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"Et encore. Un mauvais."

 

Bizarrement, « Starcrash » ne fut pas un énorme bide au niveau entrées, il faut croire qu'après le succès de « La Guerre des Étoiles », le public allait volontiers voir n'importe quel space-opera. A noter que quelques années plus tard sortit un « StarCrash 2 » qui n'a strictement rien à voir avec l'original (il s'agirait d'une parodie plus ou moins leste à laquelle on aurait rajouté des scènes de combats spatiaux tirés de l'original). Quoi qu'il en soit, malgré une qualité artistique douteuse, « Statcrash » est le genre de films qui peuvent valoir le coup d’œil pour peu que vous soyez cinéphage (surtout depuis que des petits malins se sont amusés à le ressortir en dvd), il est un bel exemple de ce que le cinéma d'exploitation italien pouvait sortir à cette époque, où emprunter sans plagier était un art délicat, une sorte d'exercice de funambule que tout le monde ne réussissait pas.

 

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Les avocats de Georges Lucas remarquant une atteinte au copyright (allégorie).

 

 

Fiche technique :

Titre original ; Scontri stellari oltra la terza dimensione

Réalisateur : Luigi Cozzi (sous le pseudonyme de Lewis Coates)

Année : 1978

Pays : Italie

Durée : 1h34

Genre : SF Spaghetti

 

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