Sacrés Gendarmes

Publié le par Antohn

 

Oui, je sais, ca fait un sacré bail que je n'avait pas écrit Plus précisément, que je n'avais pas publié: j'ai quelques articles en chantier mais je n'avais pas le temps (ou l'envie) de les terminer. Je vais donc tenter de me reprendre et redonner à manger à mon blog préféré. Et hors de question de passer à une alimentation équilibrée, nous allons avoir du trop gras, du trop salé et du trop sucré. Nous allons avoir du Bernard Launois avec de vrais morceaux de Sim dedans, dans une formule enrichie en Jacques Balutin et en Daniel Prévost.

 

Affiche Sacré Gendarmes

 

Sorti la même année que "Touch' pas à mon biniou", et cinq ans avant ce chef-d'œuvre du nanar qu'est "Devil's Story", "Sacré gendarmes" est une sorte de sous-"Gendarme de Saint-Tropez", une comédie méridionale et sympathique tournant autour de personnages populaires. Enfin ca c'est la théorie, en pratique il suit le même chemin que ceux cités précedemment : ce n'est pas que l'idée de base soit mauvaise mais elle est si mal traitée que le résultat va aboutir à l'un de ces résultats dépassant même les concepts de bons ou mauvais films. 

 

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Le film s'ouvre sur un message où le réalisateur explique qu'en aucun cas il ne veut blesser les gendarmes, que tout ca c'est de l'humour, etc...

Sage précaution, certes, mais ca me fait un peu penser à ces type qui racontent des histoires belges en commencant par expliquer qu'ils ne veulent pas froisser les Belges, qu'il adorent ce pays et qu'ils ont même des disques Jacques Brel chez eux. C'est gentil mais ca coupe toute envie de les écouter.

 

Tout commence (et tout se passe et tout finit) dans un petit village du Sud de la France où il fait bon vivre, où la vie s'écoule paisiblement, rythmée par le chant des cigales et le bruit metallique des boules de pétanques s'entrechoquant sur le boulodrome. La fierté de ce petit village, c'est bien évidemment, sa caserne de gendarmerie où quatre vaillants representants de la force publique font régner la loi et l'ordre avec plus ou moins de succès.

Et nos quatre loustics sont loin d'être inconnus du cinéphile lambda. J'ignore quelle vicissistudes de la vie (ou quelle facture de gaz à payer) les a amené là-dedans mais toujours est-il que, dans le rôle des gendarmes nous avons:

vlcsnap-00031Jaques Balutin, tentant tant bien que mal d'avoir l'air concerné par son rôle de brave et honnête brigadier. Son rôle ressemble un peu à celui de Galabru dans la série des Gendarmes : à savoir servir de clown blanc aux pitres qui l'entourent.

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Daniel Prévost, en mode "Longtarin de la Côte d'Azur", comprenez par là qu'il saute dans tout les sens et qu'il n'a de cesse que de vouloir distribuer des prunes à tout le monde.

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Sim, dont le rôle ressemble un peu à celui de Gaétan dans "Touch' pas à mon biniou", un ancien légionnaire plus ou moins affabulateur et complètement cinglé.

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Enfin, Robert Castel, dans son rôle habituel de pied-noir avec un accent rappelant l'odeur des oranges amères (ou le Boulaouane bon marché, c'est selon...).

 

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Vous l'aurez compris, ce n'est pas forcément les personnages qui clochent: pour l'instant, sans être d'une originalité folle, il y a matière à faire quelque chose de plutôt sympathique. En plus, il y a Henri Genès dans le rôle du curé, le même qui jouait les touristes beaufs-drageurs-lourdingues dans "Touch' pas à mon biniou".

Le problème ce n'est ni les personnages ni ceux qui les jouent. Le problème c'est ce qu'on leur fait jouer.

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Le pitch de départ est pourtant plutôt honnête: alors que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes le ministère, cherchant à faire des économies (et oui, déjà en 1980...), décide de fermer certaines casernes inutiles. Ne voulant pas être dispersés aux quatre coins de la France, les gendarmes entreprennent donc de prouver qu'ils sont indispensables. Ca c'est la version simple de l'histoire, dans la version complète, nos braves pandores ont à faire à de nombreuses péripéties, qui ne semblent avoir pour but que rallonger le métrage. 

 

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Citons, par exemple, cette histoire d'héritage que le brigadier est sensé toucher (et qui se termine avant d'avoir commencée), ou encore cette affaire de cleptomane se concentrant uniquement sur les cochonnets du boulodrome. L'un des morceaux de "bravoure" reste cette famille de belges, joués par des acteurs qui doivent être aussi belges que moi, dôté d'un accent que même Guy Montagné aurait trouvé caricatural, à peu près aussi caricatural que celui du patron du bar, un allemand avek ein bedide akzent gomme za, piqué à je ne sais quel vieux film de guerre. 

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Le clou du spectacle reste quand même l'arrivée d'un coopérant, autrement dit d'un gendarme africain venu voir comment travaille la gendarmerie (nous sommes toutefois en droit de nous demander pourquoi le ministère l'envoie ici s'il souhaite supprimer la caserne, mais passons). Les Belges et les Allemands sont caricaturaux, hors de question que cette règle s'arrête aux frontières de l'Europe, bien entendu, et l'arrivée de notre brave gendarme africain va provoquer toute une série de gags aussi navrants les uns que les autres (et des jeux de mots à base de café noir, d'humeurs grises et de nuits blanches). 


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Vous constaterez, d'ailleurs, que je n'ai pas trop parlé des gags, et le moins qu'on puisse dire c'est que je ferais bien de continuer à ne pas en parler.

Comment vous expliquer... la comédie nanarde est un cas vraiment  à part dans la mesure où, si un nanar est un film qui fait rire involontairement, comment juger un film qui est conçu pour faire rire ? Et bien, la réponse est simple: le rire nerveux, une comédie est nanarde lorsqu'elle vous arrache de ces espèces de rictus nerveux, les même que l'on fait par politesse après que quelqu'un vous ait (mal) raconté une mauvaise histoire drôle.

 

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Exemple de gag: le coopérant se lave...

vlcsnap-00029... et hop l'eau est noire ! (Comment ca "un poil raciste" ?!).

 

Je suis parfaitement conscient que le fait de voir quelqu'un se cogner la tête ou se casser la figure puisse amuser certains. Pour tout dire, je sais parfaitement que je suis imperméable à certaines formes d'humour, les canulars téléphoniques, par exemple, me laissent de marbre. De façon générale, j'ai du mal à rire lorsque cela se fait au dépend de gens qui n'ont rien fait pour le mériter.

Tout ca pour vous dire, qu'à la base, quand un gag sur deux est à base de coup de pied dans les tibias, d'orteils et de doigts écrasés ou de bosses sur le crâne, c'est mal parti pour que je passe un bon moment. Si encore ces gags ne s'étiraient pas en longueur... si encore, un personnage n'en rajoutait pas, de temps à autres, d'un "oulala, ca doit faire mal" aux effets aussi constructifs que les rires enregistrés dans "Video Gag".

 

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Ceci est un gag (si!).

 

En un mot comme en cent: aucun gag ne marche et rarement je n'ai trouvé le temps aussi long devant un film qui dépasse à peine l'heure et demie. Quant à la pirouette qui va permettre à nos braves gendarmes de sauver leur brigade, elle est rapidement évacuée, à la fin du film, comme si, au bout d'une heure vingt de métrage, quelqu'un s'était souvenu qu'il y avait un scénario qui était sensé donner une cohérence à toute cette pagaille.

 

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Vous l'aurez compris, "Sacré Gendarme" est un film douloureux à bien des égards. D'abord parce que l'idée de départ et les personnages avaient le potentiel, non de nous donner un chef-d'oeuvre, mais au moins une comédie sympathique. Ensuite parce que cette idée de départ a été complètement sabordée par un ajout d'innombrables histoires annexes et de gags tous plus navrants les uns que les autres. Enfin parce que, il faut bien le dire, sans être réputés n'avoir tourné que dans des chef-d'oeuvre, les acteurs principaux sont loin d'être mauvais et ca fait de la peine de les voir cachetonner là-dedans.

Et je ne vous parle même pas de la musique du film, résumée à un couplet de chanson passé en boucle et qui risquera de vous trotter dans la tête pendant un bon bout de temps.

 

 

Fiche technique:

Titre alternatif: Drôles de gendarmes.

Année : 1980

Pays : France

Durée : 1h37

Genre : Les gendarmes de Saint Trompette.

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