La planète des dinosaures
Il y a des jours comme çà où je suis content de me mettre derrière mon ordi et de taper mon article au propre. Tout d'abord, parce que dimanche dernier, j'ai eu droit à un mot gentils de la part du rédacteur du site MoovyMemory[Z] à qui mon récent article sur « Fais Gaffe à la Gaffe » semble avoir plu et ça je peux vous dire que ca fait toujours plaisir de savoir que mes articles sont lus et appréciés.
Entre parenthèses, et je le dis sans flagornerie aucune, je ne saurais que conseiller aux amateurs de cinéma de jeter un coup d'œil à ce blog, écrit par un type qui a oublié d'être incompétent dans son domaine. Si on en sort pas forcément plus intelligent, on en sort par contre moins con ce qui est plus important (je ne regarderais plus jamais les affiches de film avec le même œil).
Où en «étais-je, moi? Ah oui: « glop »! « Glop », car je vais vous parler ce dimanche d'un film tout ce qu'il y a plus insolite, « La Planète des Dinosaures ».
J'adore les films de dinosaures, j'en avait déjà chroniqué un (voire deux) et je n'en chronique pas assez à mon goût. Là je vous avoue que chroniquer un film de S-F avec un « supplément dinos » éveille au fond de mes adorables (bien que viriles) prunelles un éclat comparable à celui qui s'éveille chez moi devant une boîte de marrons glacés. Ce n'est pas le film le plus loufoque que j'aie pu voir mais oui, mille fois oui, il a sa place sur ce blog.
Jugez plutôt.
Nous somme dans le futur, un futur mal défini. Tout ce que nous savons c'est que l'Homme est parti à la conquête de l'espace et qu'il voyage dans des vaisseaux en plastique ignobles. Je vous rassure tout de suite, le vaisseau en question est aussi fiable que s'il était vraiment en plastique et c'est à peine s'il survit au générique, offrant au spectateur l'une des plus « belles » scènes d'explosion que j'aie pu voir.
Seuls neufs astronautes parviennent à se sauver à temps dans une navette de secours. Manque de chance, la navette semble être construite par les mêmes incompétents qui ont construit le vaisseau (ca leur apprendra à réutiliser du matériel soviétique). Nos neufs amis se posent en catastrophe en plein milieu d'un lac et évacuent la navette, prenant la peine d'emporter des provisions et des armes... mais pas la radio pour envoyer un signal de détresse. L'un des membres d'équipage décide donc de se jeter à l'eau pour aller récupérer l'appareil, immédiatement suivi par l'opératrice radio qui estime que c'est à elle de réparer sa bévue. Pourquoi ne laisse-t-elle pas l'autre aller chercher lui-même cette radio puisqu'il y tenait ? Mystère. Elle se met en maillot de bain (oui, dans le futur tous les astronautes porteront un maillot de bain sous leur combinaison), plonge et... se fait bouffer par un monstre marin. Fermez le ban, l'Histoire retiendra qu'elle s'appelait Mary Appelseth, que c'est son second film et qu'au bout de dix minutes elle disparaît dans l'une des morts les plus inutiles du cinéma, nous laissant face à face avec un casting de huit personnes toutes aussi caricaturales. Trois nanas qui ne serviront qu'à mettre des bâtons dans les roues de tout le monde (l'une passe son temps à faire la tronche, l'autre bousille un fusil laser et la troisième perd la nourriture), le capitaine, les deux mécaniciens, le second débrouillard du capitaine et, le seul, l'indispensable, mesdames, pour des soirées réussies, le fameux « gros enfoiré de bureaucrate » qui même isolé du reste du monde sur une planète hostile continuera à refuser de bosser sous prétexte que c'est une huile. En parlant d'huile, c'est le genre de personnage qu'on est très heureux de voir se faire bouffer mais passons.
Passé le traumatisme de la perte de l'opératrice radio (« Oh mon Dieu, Cindy est morte, c'est horrible.... bon on va pas moisir ici non plus. »), tout ce joli monde explore la planète et c'est là qu'ils font une découverte prodigieuse:
Vous noterez que, pour un film à petit budget, les dinosaures sont assez réussi. Ils sont un peu... « vintage », certes mais à cette époque, où les images de synthèses n'étaient pas suffisamment évoluées pour animer des dinosaures crédibles, ce genre de créatures s'animaient encore en image par image. En gros, chaque dinosaure était fabriqué à partir d'un « squelette » en métal entièrement articulé sur lequel on moulait une peau en caoutchouc peinte. Les bestioles étaient alors animées en leur faisant prendre différentes poses, chacune différant légèrement de la précédente. Prises au rythme de 24 pour une seconde, ces images mises bout à bout donnent ensuite l'impression du mouvement. Le processus et long et des techniciens d'animation peuvent s'estimer heureux s'ils parviennent à faire dix secondes de film en une journée de travail.
Pourquoi insiste-je sur les dinosaures? Parce que c'est là-dedans qu'est passé la majorité du budget du film, laissant des queues de cerise pour tourner avec les acteurs en chair et en os. Résultat, mis à part James Whitworth et Michael Thayer (plus connu par les amateurs de série Z sous le nom de Max Thayer), le reste du casting est composé de semi-amateurs dont certains affirment même ne pas avoir été payés.
Quant au responsable des effets spéciaux, il enchaîna ensuite avec « L'Empire contre attaque », « Terminator » et « Aliens »... dans l'ordre!
Une constante dans ce film: à chaque fois qu'une femme se retrouve face à un monstre, elle se contente de rester sur place à hurler au lieu de s'enfuir.
Une fois nez à mufle avec les dinos, une fois assimilée l'idée selon laquelle la planète est une planète plus jeune que la Terre et que, par conséquent, elle en est encore au Jurassique (?), il s'agit de survivre. Assez vite, ils se rendent compte que leurs supérieurs n'ont strictement aucun moyen de savoir qu'ils ont survécu et ne viendrons sûrement pas les chercher, il va falloir donc s'installer sur la planète et se débarrasser du tyrannosaure, indispensable menace dans tout bon film de dinos qui se respecte.
Le programme est simple, non? Le seul soucis est que c'est le seul programme et que, cas rare pour un film d'une heure dix, « La planète des dinosaures » collectionne les scènes de remplissage. Je vous parlais du fait que certains acteurs n'aient pas été payés pour leur prestation, je me demande comment étaient payés de leur côté les doubleurs, si tant est qu'ils aient été payés, la preuve:
Je suis un peu dur: entre deux passages de dialogues et de fabrication de pièges à lézards, il y a aussi de temps à autre un acteur qui se fait attaquer, l'un d'eux (je ne vous dit pas lequel) finissant même empalé sur une corne de tricératops, un vestige, probablement, du script original qui prévoyait du sang, de la violence et du sexe, avant d'être modifié pour être plus « grand public ». Sinon, on ne peut pas dire que la suite soit emballante, le scénario se traînant vers un dénouement qui, je vous l'avoue m'a surpris, bien qu'au fond il soit logique.
Avant de se lancer dans le cinéma, Michael "Max" Thayer était un acteur de théâtre expérimental, il aurait même joué en France au sein de la troupe du "Liquid Theater" après avoir joué pendant trois ans à Venice en Californie. "La planète des dinosaures" est son troisième film. Les amateurs de nanars le connaissent surtout pour son double rôle dans le mythique "Laser Force, l'arme absolue", film d'action phillipin (si!) de Teddy Page.
En résumé, "La Planète des dinosaures" est le genre de films qui peut rendre nostalgique un grand nombre d'entre nous. Je pourrais vanter cette époque où les producteurs avaient des tripes EUX, et tentaient d'être innovants au lieu de se contenter de sortir des remakes, des suites ou des films sans saveur. Il serait un peu bidochonesque de conclure cet article comme çà, dautant plus que dans le temps, tous les films qui sortaient n'étaient pas des monstres d'originalité. C'est pourtant le cas de ce film-ci dont on ne peut que regretter le fait que son budget n'ait pas été plus judicieusement réparti. Encore que... ce qui sauva le film ce fut précisément ses dinosaures, le film remportant même le Saturn Award (une sorte de cérémonie des Oscars réservée aux films d'horreur et de science-fiction) du "Meilleur film dôté d'un budget inférieur à un million de dollars".
Fiche technique:
Titre original: Planet of the dinosaurs
Réalisateur: James K. Shea
Année: 1979
Pays: Etats-Unis
Durée: 1h 14
Genre: Qui dort dîne(osaure)