La Marque de Caïn

Publié le par Antohn

 

Et l’Éternel dit à Caïn: « Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi: mais toi, domine sur lui. »

Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua.

Genèse, IV, 6-8

 

couverture


Mine de rien, ca doit bien faire un mois ou deux que je n'ai pas parlé de William Monk: en novembre je vous avais dit que j'allais vous faire une chronique sur chaque tome de la série et force est de constater que je ne pensais pas que cela prendrait autant de temps ce qui n'est pas un mal tant j'aime parler de ces livres.

Pour le moment nous avons eu droit à du meurtre en chambre close, des machinations visant à faire accuser quelqu'un de meurtre, un cadavre dans la goulotte à linge d'un hôpital, un militaire battu à mort et tout un tas d'autres joyeusetés; ici, il n'est question que d'une disparition mais, vous vous en doutez, l'affaire va être suffisamment compliquée pour torturer les méninges du plus grand enquêteur de Londres.



L'histoire commence lorsqu'une certaine Genevieve Stonefield se rend au bureau de William Monk. Son mari, Angus Stonefield, industriel réputé, a disparu lors d'une visite dans l'East End, les bas-fonds de Londres. « Que faisait-il là? » me direz-vous. Il est vrai que cela peut paraître intriguant, un gentleman se baladant dans ce genre de quartier c'est un peu comme un habitant du XVIe arrondissement qui irait faire un tour à Bellevile, vous voyez?

Ce n'est pas le goût du risque qui a poussé Angus Stonefield à se promener là-bas mais la piété fraternelle: son frère jumeau Caleb, avec qui il a été recueilli enfant suite au décès de leurs parents, vit de larcins dans une cabane à proximité de l'Île aux Chiens. Violent, ingrat, malhonnête, semant la terreur auprès de gens en principes vaccinés contre la violence, Caleb est, comme qui dirait, un être hautement recommandable. Oui mais voilà c'est le frère jumeau d'Angus et ce dernier ne peut s'empêcher de lui venir en aide quand il en a besoin. A chaque fois, il revient couvert de blessures et d'ecchymoses et ses vêtements sont bons pour la poubelle.



Autant vous dire que lorsqu'il ne rentre pas de l'une de ces sorties, Genevieve Stonefield a toutes les raisons de s'inquiéter car si Angus aime son frère, on ne peut pas dire que ce soit réciproque: Caleb est jaloux de son frère et les possibilités pour que ce dernier ait fini par le tuer dans un accès de rage. Genevieve en est tellement persuadée qu'elle ne demande même pas à Monk de retrouver son mari mais simplement une preuve de son décès. Sans cette preuve, Genevieve Stonefield ne peut nommer un autre administrateur pour l'entreprise de son mari et elle risque de voir l'entreprise en question faire faillite.

Abel et Cain, Angus et Caleb, le contexte est différent mais l'histoire semble être la même, bien que l'East-End ressemble peu à l'Est du Jardin d'Eden. Un frère jaloux qui aurait tué celui que le Ciel avait favorisé. Et si les faits étaient un peu compliqué que cela? Angus est-il réellement mort? Caleb est-il réellement pour quelque-chose dans sa disparition



Retrouver une preuve du décès d'Angus Stonefield n'est pas chose si aisée que çà: non seulement la Tamise peut avoir emmené le corps au large mais, en plus, une épidémie de typhoïde s'est déclarée dans l'East-End et, si Angus a été tué, il n'y avait rien de plus simple que de se débarrasser du corps dans une fosse commune servant à enterrer les victimes de l'épidémie, d'autant plus que personne n'irait y fouiller. Et puis Caleb, le principal suspect, n'est pas homme à se laisser appréhender facilement: personne ne veut s'en faire un ennemi et l'homme connait les bas-fonds de Londres comme sa poche.



Pourquoi Angus continuait-il à voir ce frère qui le méprisait tant? Qu'avait-il fait pour se sentir suffisamment coupable pour se risquer là où aucun autre gentleman ne se risquerait? Et surtout, comment, alors que les deux hommes avaient le même âge, la même histoire et la même éducation, comment l'un a-t-il pu devenir un homme d'affaire respecté et aimé de tous et comment l'autre a-t-il pu devenir cet être mauvais, violent et bon à rien? Comment deux frères jumeaux ont-ill= pu devenir chacun le contraire de l'autre?



J'en ais déjà fait mention ici, mettre une histoire de jumeaux dans un roman policier c'est comme coller des extraterrestres dans un film de capes et d 'épées, c'est souvent mauvais signe tant on peut être sûr que l'auteur va se servi de la ressemblance pour nous mener en bateau et Anne Perry ne déroge pas à la règle, c'est tellement tentant me direz vous...

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pour autant pas dit: si surprise il y a, elle vaut largement qu'on l'attende bien que, sans vouloir déprécier le travail d'Anne Perry, j'avais pour ma part, vu venir le twist une bonne centaine de pages avant les personnages.

En parlant de centaines de pages, si je ne devais faire qu'un seul reproche à ce livre, ce serait le fait qu'Anne Perry s'égare un peu trop souvent en developpant des histoires parallèles dont le but ne semble être que de donner un peu d'exposition au personnage d'Hester Latterly, le principal personnage de ces romans, après William Monk s'entend, et dont l'incidence sur le déroulement de l'enquête reste assez faiblarde.

 

Voir aussi:

Un étranger dans le miroir

Un deuil dangereux

Defense et trahison

Vocation fatale

Des âmes noires

Publié dans Livres

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