L'Oasis des tempêtes
« S'il est vrai qu'on ne peut pas vivre au milieu des bêtes sans en devenir une, on peut vivre chez les humains sans en devenir réellement un. »
L'affiche française (source: horreur.net)
En 1947, une expédition au Pôle Sud découvre un lac d'eau chaude en plein milieu des glaces. Comme pas mal d'autres sources chaudes, il est possible que ce lac ait une origine volcanique mais au moment de sa découverte, et encore aujourd'hui, on ignore avec précision pourquoi une telle étendue d'eau chaude se trouvait ici. Si l'on associe à cela le fait que le Pôle Sud était un peu comme l'a longtemps été la face cachée de la lune, à savoir un lieu non exploré et pourtant proche de nous, autant vous dire qu 'à cette époque les spéculations allaient bon train. Une source chaude? Dont l'origine est inconnue? Dans un endroit où la main de l'homme a à peine mis le pied? Mais qui sait ce que l'on pourrait trouver là-bas?
C'est comme ceci que naquit le scenario de l' « Oasis des tempêtes ».
L'affiche originale (source: wrongsideoftheart.com)
Sorti en 1957, à une époque où la mode était davantage aux films de science-fiction qu'aux récits d'aventure, l' « Oasis des tempêtes » repose pourtant sur les mêmes principes qu'un « film de soucoupes volantes », à savoir des aventuriers confrontés à une menace qui, à défaut de venir du ciel vient de la Terre elle-même. Le message et le traitement du sujets sont les mêmes, il suffit de remplacer les petits-hommes verts par des tyrannosaures.
L'histoire en elle-même commence au moment où se met sur pieds une expédition vers le Pôle Sud. Dix ans auparavant, une expédition avait découvert, en plein milieu du Pôle Sud, un endroit que le temps semblait avoir oublié, un vestige du temps où le Pôle Sud était recouvert par la forêt tropicale. Le but de l'expédition est non seulement de découvrir l'origine de cet endroit mais aussi de savoir ce qui est arrivé à quatre aviateurs disparus au dessus de cette zone. Aussi bizarre que cela puisse paraître, les scientifiques sont tout aussi intrigués par le but de leur expédition que par le fait qu'il vont être accompagné d'une journaliste qui va être la cible d'à peu près tout ce qui ressemble à une plaisanterie graveleuse. Pour se défendre, elle répond qu'elle a survécu seule en Corée au milieu de 500 000 hommes, ce qui n'était pas forcément la meilleure défense possible.
« Et dire qu'il y a des millions d'années, le climat était tropical.
-Dans ce cas là vous auriez fait cette expédition en costume de bain. Que voulez-vous, nous sommes nés trop tard. »(sic)
Le décor étant planté, il ne reste plus qu'à attendre le moment que tout le monde attends: celui où les héros (comprenez par là « les quatre membres de l'expédition qui ont au moins une ligne de dialogue ») tombent en panne d'hélicoptère et atterrissent où? En plein cœur de cette zone mystérieuse qui semble ne pas avoir bougé d'un iota depuis l'ère mésozoïque.
Bien vite, tout ce petit monde se rends compte que l'une des pièces de l'hélicoptère est cassée et qu'il faudra compter sur une expédition de secours pour s'en sortir. Pour le moment, pas de panique: ils ont des provisions pour trois mois, de l'eau, des fusées éclairantes, la radio fonctionne et en plus, en cas de pépin, il y a une nana pour perpétuer l'espèce! (ceci était ma minute « bon goût et humour gras »)
Là où ca se corse c'est lorsqu'un grand bruit se fait entendre et où le spectateur horrifié voit deux énormes dinosaures se battre à mort. En réalité, il s'agit de deux varans filmés en gros plans dans un vivarium après avoir probablement été affamés pendant deux jours mais çà nous ne sommes pas sensés le savoir et encore moins le voir. Que deux dinos se frittent, ca ne gêne personne, au contraire, ca arrange nos héros de voir que, s'il y a des dinosaures, ils ne s'intéressent pas à eux. En fait, il semble n'y en avoir qu'un qui s'intéresse à eux, c'est ce charmant gentleman:
Graou!
Une règle non écrite du film de dinosaures veut qu'il y ait toujours un tyrannosaure et « L'Oasis des tempêtes » ne déroge pas à la règle. Bonne nouvelle: les scénaristes ont fait quelques recherches et ont fait attention à placer le monstre dans son contexte: le tyrannosaure est bien un animal du mésozoïque (du crétacé pour être plus précis) et on ne peut que se réjouir que de constater qu'on ne l'a pas mis au jurassique comme l'ont fait certains plus tard. Ça c'est le bon point.
Le mauvais point c'est que le T-Rex est quand même vachement fendard. A l'époque, le moyen le plus simple de mettre un dinosaure à l'écran était d'incruster, grâce à un système de caches dans l'objectif, une maquette animée image par image, c'est comme cela que les dinosaures du « Monde Perdu » (1925) prirent vie, idem pour « King Kong » (1933).
Là, pour des raisons que j'ignore, le tyrannosaure est incarné par un figurant dans un costume qui passe davantage de temps à essayer de ne pas se casser la margoulette qu'à essayer d'être crédible (allez être crédible dans un costume en caoutchouc! Même Godzilla n'y arrive pas toujours).
Le plésiosaure, quant à lui, est bien animé image par image.
Mais bon, lui aussi a une sale trogne.
Aussi étrange que cela puisse paraître, j'avais vu des passages de ce film quand j'étais gamin et le dino m'avait empêché de dormir pendant quelques jours. Je n'étais pas habitué à ce genre de films et voir un tyrannosaure manquer d'avaler des aventuriers tout crus, m'avait flanqué une trouille pas possible. Peut-être à l'époque ce T-Rex avait-il eu son petit effet à l'époque. Là je n'ai pas réussi à m'ôter des narines une forte odeur de caoutchouc, et je suis pourtant indulgent.
Laissons ce pauvre dinosaure là où il est et passons à la suite.
Si ce brave reptile ne s'est pas servi de ces explorateurs comme en-cas avant d'utiliser les pales de l'hélicoptère comme cure-dent, c'est parce qu'au loin, un son se fit entendre, un son qui effraya la bébête qui pris la poudre d'escampette (je suis en forme, cette semaine!).
Le son en question était le fait d'un certain Hunter. Vous vous souvenez que l'un des buts de l'expédition était de retrouver quatre aviateurs et bien il en reste un, survivant depuis dix ans dans ces marécages hostiles. Il souffle régulièrement dans une corne dont le son a le don de faire peur aux dinosaures, qui sont de grands timides comme chacun le sait; cette corne n'a pas sauvé ses trois compagnons, qui trouvèrent la mort dans cette oasis.
Bizarrement son premier réflexe n'est pas d'aider ses compagnons d'infortune mais de kidnapper la journaliste qui aurait mieux fait de se casser une jambe le jour où elle s'est portée volontaire pour aller là-bas. La suite est assez prévisible: les héros retrouvent l'épave de l'avion disparu dix ans auparavant, y récupèrent la pièce dont ils ont besoin pour leur hélicoptère (?), convainquent le sauvage de les accompagner, survivent à l'attaque d'un plésiosaure et le tout se finit sur un baiser de cinéma entre la journaliste qui tient le scoop du siècle et celui des trois autres qui semblait être le chef.
The T-Rex effect...
Quant à savoir si « L'Oasis des tempêtes » est un bon film, et bien, disons qu'il n'est ni bon ni mauvais: c'est un film d'aventure basique avec « supplément dinosaures » qui ne fait que nous apporter ce que l'on attends d'un film de cette époque. Un film que le temps a rendu un poil kitsch, vite vu, vite oublié, à moins d'avoir peur des lézards.
Fiche technique:
Titre original: The Land unknown
Réalisateur: Virgil W. Vogel
Année: 1957
Durée: 1h18
Genre: Vol au-dessus d'un nid de dinos.