It! The terror from beyond space

Publié le par Antohn

 

Dans le vaste monde des films de S-F des années 50, peu de films peuvent se targuer d'avoir laissé une empreinte forte dans l'Histoire du 7e art. Il faut dire que, le plus souvent, le scénario était aussi convenu que celui d'un péplum italien: une bande d'extraterrestres crypto-communistes envahissaient la Terre de façon plus ou moins subtile avant de se faire botter les tentacules par un héros quelconque dont le principal intérêt sera d'être américain et de prouver au Monde entier que si même des aliens n'ont pas intérêt à lui marcher sur les pieds alors les cocos ce n'est même pas la peine d'en parler non mais sans blagues! D'autres films ont eu le mérite d'être faits par des gens dont l'ambition n'était pas uniquement de revendre leur pellicule à quelques drive-in de Californie et ont fourni un travail qui inspira par la suite quelques grands noms de cet art, c'est le cas de « It! The terror from beyond space ».

 

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"50 000 $ de la part d'une compagnie d'assurance de renommée mondiale à quiconque pourra prouver que "IL" n'est pas sur Mars" clame l'affiche. Pas de chance, l'offre expirait en janvienr 1960. (source: wrongsideoftheart.com)

 

Nous sommes en 1973. Six mois avant le début du film, la NASA envoya une fusée contenant un équipage d'astronautes qui allaient être les premiers à fouler le sol de Mars. A son bord, le colonel Carruthers, premier homme à avoir voyagé dans l'espace (en 1958, Youri Gagarine n'avait pas encore réalisé cette prouesse). Oui mais voilà: sitôt le vaisseau posé sur Mars, toutes les transmissions avaient été coupées et l'on pensait (à juste titre) qu'il y avait eu un soucis et que le vaisseau s'était écrasé. Une équipe de secours avait donc été envoyée pur rapatrier les corps et eut, à son arrivée, une drôle de surprise.

 

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Dans l'épave du vaisseau, ils ne trouvent que le colonel Carruthers, racontant que pendant une tempête de sable, un monstre a attaqué et décimé les neuf autres membres d'équipage. Évidemment, personne ne croit à son histoire, pour l'Etat major cela ne fait aucun doute: pris de panique a l'idée de ne jamais être secouru, Carruthers aurait froidement assassiné ses compagnons afin de pouvoir profiter des réserves de nourriture et d'oxygène pour lui tout seul, une explication a peine plus crédible que « un monstre a tué tout le monde ». L'équipe de secours n'eut pas le temps de rechercher les cadavres, le seul indice étant le crâne de l'un de ces malheureux, portant un trou similaire à celui causé par une balle.

 

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Seul un astronaute croit à l'histoire de Carruthers, estimant que « Mars est aussi grande que le Texas alors peut-être qu'un monstre s'y cache » (sic). La suite lui donne raison: rapidement, deux des membres d'équipage disparaissent durant le trajet du retour et le reste fait rapidement connaissance avec une créature vaguement humanoïde qui s'est invitée à bord. Celle-ci a absorbé toute l'eau secrétée par ses victimes: Mars n'ayant pratiquement pas d'atmosphère et pas d'eau à l'état liquide, c'est peut-être comme ça que cette créature se nourrit. L'explication est assez vaseuse; comment cette créature se nourrit-elle d'ordinaire, quand aucune expédition terrienne ne vient se poser sur son carré de pétunias? Elle se nourrirait, peut-être d'animaux plus petits qui eux-même se nourriraient de sable.

 

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Au bout de vingt minutes, le colonel est innocenté (pas étonnant, c'est le héros) mais le problème reste entier: le meurtrier va bel et bien être ramené sur Terre mais il squatte le dépôt de nourriture et il est moins conciliant que le colonel Carruthers. Refusant de finir aussi secs que des pruneaux dans une fusée à la dérive, les astronautes survivants s'organisent pour tuer l'affreuse bebête mais l'opération est pour le moins compliquée: la créature est invulnérable aux balles (comme tout bon monstre de cinéma), aux grenades, au gaz, à l'électrocution et à l'irradiation. Si l'on ajoute à cela une force physique hors du commun, on ne donne pas cher de la peau des astronautes.

 

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Dernier détail qui a son importance: le monstre se déplace en passant par les conduits d'aération. Un équipage qui atterrit sur une planète, trouve une épave de vaisseau et remonte à bord sans savoir qu'elle a embarqué une créature extraterrestre belliqueuse qui extermine un a un les membres d'équipage... ca ne vous rappelle rien? Et oui, Alien! Ridley Scott ne s'est jamais caché d'avoir utilisé ce film comme source d'inspiration pour le sien.

 

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Paradoxalement, « It! »n'est pas un chef-d'oeuvre. Ce n'est pas un film déshonorant non plus, il n'a pas bénéficié d'un budget exceptionnel mais tout le monde connaissait son boulot et a sorti un film honnête auquel il manque probablement une scène oppressante ou deux où l'on sent que la mort peut fondre à tout moment sur les héros. Quelques scènes s'en approchent mais le spectateur a du mal à y croire, surtout parce que le monstre, bien que réussi, sent vachement le caoutchouc et, ayant eu des problèmes dans sa conception, on constate assez rapidement que celui-ci a de sérieuses difficultés pour se mouvoir.

 

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Un mot quand même sur la créature, jouée par un certain Ray Corrigan. Ce nom ne vous dira peut-être rien pourtant, dans son domaine, Ray Corrigan était une star. Culturiste dans les années 30, il entra dans le monde du cinéma en tant que coach sportif pour quelques acteurs. Comme souvent lorsqu'ils ont un type avec un physique avantageux sous le coude, des metteurs en scène l'ont embauché pour jouer quelques petits rôles. Il joua notamment dans des serials pendant les années 40, c'est là qu'il commença à jouer les rôles de monstres, notamment les gorilles. De la même manière que David Prowse jouait Dark Vador parce qu'il était l'un des rares à être suffisamment costaud pour porter l'armure du personnage, Ray Corrigan était l'un des rares cascadeurs à pouvoir porter les lourds costumes de gorilles utilisés à l'époque.

 

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Il est assez dur de retracer sa filmographie, d'ailleurs, car souvent les acteurs jouant les monstres ne sont pas crédités au générique. Ne pas créditer l'acteur est une façon d'entretenir le doute dans l'esprit du spectateur (« c'est pas un monstre, c'est un type dans un costume.... n'est-ce pas? »). C'est ainsi, par exemple, que Boris Karloff n'était crédité au générique de « Frankenstein » sous un simple « ? ».

Je m'égare un peu là, non?

 

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Quoi qu'il en soit, Corrigan était également connu pour posséder son propre costume de gorille qu'il améliorait au fil du temps, y ajoutant par exemple, des yeux en verre et de vrais poils de singe, ce qui ne faisait que renforcer son réalisme. Il prit sa retraite juste après « It! » pour fonder son propre ranch dont il se servait pour tourner des westerns, genre dans lequel il excellait également. Pour l'anecdote, il passa le flambeau en donnant son costume de gorille à un certain Steve Calvert qui, a son tour, devint celui que l'on appelait en priorité pour jouer les gorilles.

 

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Ici, point de gorille, c'est un costume en caoutchouc que porte le cascadeur. Fabriqué pour lui, ce costume s'est avéré trop petit pour lui, notamment le masque du monstre qu'il a fallu modifier à la hâte. Si vous regardez bien, vous constaterez même que l'on distingue nettement le menton de Ray Corrigan à l'endroit où est sensée se trouver la langue de la créature.

 

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Alors, réussi ou pas? Disons que « It! » a ses qualités et ses défauts et qu'il faut bien reconnaître que ce qui aurait pu être un film absolument terrifiant ne s'avère qu'être un film de S-F efficace (c'est déjà bien). On a parfois le sentiment que les scénaristes avaient imaginé le point de départ, envisagé une fin mais ont meublé pour combler le vide entre les deux, d'où le fait que le milieu du film est quand même très mou.

 

Fiche technique:

Réalisateur: Edward L. Cahn

Année: 1958

Pays: Etats-Unis

Durée: 1h 09

Genre: Souvenir de Mars

Publié dans Cinéma

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