Dragon Ball, le film
"Et je dominerais le monde mouhahaha!" (vieux poncif cinématographique)
Il y a un an, à peu près, les écrans de cinéma voyaient sortir un long-métrage qui, aux yeux de bien des fans, passait pour être le plus gros suicide cinématographique depuis « Catwoman », je veux bien entendu parler de « Dragon Ball Evolution », adaptation sur grand écran du célèbre manga d'Akira Toriyama. Véritable massacre de la licence originale, perçu comme une insulte par les admirateurs de la série (à tel point que certains allèrent même déposer des couronnes mortuaires devant les salles qui diffusaient ce film), « Dragon Ball Evolution » fut un bide monumental et il est fort possible qu'il se passe un bon bout de temps avant que ce manga soit adapté de nouveau pour le cinéma.
C'est quand ce film est sorti que quelques amateurs de cinéma déviants se souvinrent que, vingt ans auparavant, « Dragon Ball » avait déjà eu les honneurs d'une adaptation « live », le film était sorti en France, sous le titre « Dragon Ball le film ».
Dès le début, quand on voit ce cadrage foireux on sait qu'on ne sera pas déçu.
Ce film eut longtemps la réputation d'avoir été un plagiat tourné par des japonais à Hong-Kong, afin de profiter du savoir-faire des réalisateurs hong-kongais, de techniciens payés à moindre frais et d'une politique assez laxiste en matière de droits d'auteurs. En réalité, il semble qu'il s'agisse d'un film taiwainais, tourné, bien évidemment, sans la moindre autorisation de la part d'Akira Toriyama. Les puristes me rétorquerons que Dragon Ball est lui-même inspiré de légendes asiatiques, que le mythe du roi-singe appartient à tout le monde et que mille bombardes, il peut très bien s'agir d'une adaptation de ce mythe et non d'un plagiat du manga! Innocentes violettes que vous êtes, ne pensez pas un instant que je lance des accusations gratuites, il suffit d'un coup d'œil pour se rendre compte que c'est bien le manga qui a servi de base au film.
La bonne nouvelle c'est que oui, vous avez bien reconnu San Goku
La mauvaise c'est que c'est San Goku
Et ça c'est une Dragon Ball, plutôt réussie, d'ailleurs.
Bon, évidemment, pas question pour autant d'appeler le héros « Sangoku » ou l'héroine « Bulma », pas question de parler du roi Pilaf ni de Tortue Géniale, non, ici, il est question d'un « enfant-singe », accompagné d'une certaine « Sitoé » , se battant contre le « roi cornu », avec l'aide d'un vieil homme que l'on appelle l' « Homme-Tortue ». Par contre, foin de Piccolo et de Krilin.
Le reste de la trame reste plus ou moins fidèle au manga: alors qu'il vit dans la forêt avec son grand-père, l'enfant-singe est attaqué par l'armée du roi cornu, qui ressemble à s'y méprendre à celle du Ruban Rouge. Son grand-père disparaît dans la bataille et il part à sa recherche, rencontrant Bul... Sitoé, une jeune fille qui recherche les « perles du Dragon » à l'aide d'un radar qui disparaît assez rapidement du script, d'ailleurs.
Sitoé dont la principale caractéristique est de changer de tenue à chaque scène.
Le Roi Cornu, fourbe, vil, menteur, voleur, tricheur... et mauvais acteur.
Tortue Géniale, la classe en carapace!
Ce qui est dommage, parce que sa baraque est chouette.
En chemin ils récupèrent un gros avec une coupe au bol, un certain Piggy (subtil, hein?), qui doit jouer le rôle d'Oolong et le frère(?) de l'enfant-singe, Westwood (Yamcha), accompagné, non pas par un chat mais par un cacatoès cafteur. La cerise sur le gâteau étant Tortue Géniale, joué par un acteur en roue-libre qui ne semble pas avoir compris que le cabotinage à outrance peut très bien rendre dans un manga, moins dans un film avec des acteurs en chair et en os. De façon générale, tous les acteurs se comportent comme des personnages de manga, ce qui a pour don d'engendrer un sur-jeu difficilement supportable par moments.
Piggy en mode "élement comique rigolo tagada pouet-pouet qu'est-ce qu'on se marre!"
Les circonstances du tournage restent assez floues, je vous rappelle que pendant longtemps, on ignorait même où avait été tourné ce film, ce que l'on sait, c'est qu'il semble avoir bénéficié de moyens corrects. Les décors sont plutôt corrects (la maison de Tortue Géniale, par exemple, est particulièrement réussie), les combats sont plutôt bien chorégraphiés (mis à part quelques câbles de nylon discernables lors des scènes aériennes) et les costumes plutôt biens coupés.
Même si parfois ils ont des airs de déjà-vu.
"Sarah Connor ?"
Non seulement c'était pas ma guerre mais en plus c'est même pas mon film!
Là où ca se gate, c'est au niveau des effets spéciaux. Vous vos attendez à de spectaculaires kaméhamehas? Et bien il faudra vous en passer, les rares décharges d'énergies apparaissant à l'écran sous la forme de rayons dessinés à même la pellicule, idem pour le Dragon Sacré (Shenron) qui passe du statut de créature majestueuse à celle de tâche jaunâtre sur l'écran. Quant à l'invincible armada du roi cornu, il s'agit des vaisseaux les plus mal incrustés qu'il m'ait été donné de voir (ce ne sont pas les pires mais pas loin).
Ce n'est pas la VHS qui a des défauts, ce sont bien des vaisseaux spatiaux.
Et çà c'est Shenron, le seul voeux qu'on a envie de faire quand il apparait est qu'il s'en aille.
Promis, je ne dirais plus de mal des zombies d'Eurociné.
Pour tout vous dire, ce film passe vite, très vite: les méchants attaquent le héros, le héros trouve des amis, les héros trouvent le méchant, ils le battent puis s'en vont au soleil couchant salués par un générique rigolo chanté dans une langue que j'ignore (même si les chances pour que ce soit du chinois sont assez importantes). Vite vu, et à peu près aussi vite oublié, « Dragon Ball, le film » a le mérite d'être un tantinet plus sympathique que « Dragon Ball Evolution », plus fidèle au manga original (trop, dirons certains).
Fiche technique:
Titre original: "Xin qi long zhu"
Réalisateurs: Joe Chan et Leung Chung
Année: 1989
Durée: 1h26
Pays: Taiwan
Genre: Manga-gaga