FRANKENSTEIN (1910)

Publié le par Antohn

Si je vous dis « Thomas Edison », vous me répondrez « ampoule électrique » ou « phonographe » mais pas forcément « cinéma ». Et pourtant, s'il n'est pas l'inventeur du cinématographe, cette invention passionna énormément le célèbre inventeur qui, peu de temps après les films des frères Lumière (1895) créa sa propre maison de production, la Edison Manufacturing Company. Il ne s'agit pas forcément ici de l'épisode le plus glorieux de la vie d'Edison, qui est plus ou moins responsable de la ruine de Georges Meliès: soudoyant des projectionnistes, il aurait fait amener des bobines du « Voyage dans la Lune » et les auraient fait dupliquer afin de les revendre à travers les Etats-Unis, privant le cinéaste français de revenus qui lui revenaient de droit (comme vous pouvez le constater, Edison avait aussi inventé le piratage de films).

 

 

La Edison Manufacturing Company semble avoir fermé ses portes en 1910, non sans avoir fourni au cinéma quelques films tout à fait intéressant dont la première adaptation cinématographique du livre de Mary Shelley. Pendant une cinquantaine d'années, ce film fut considéré comme perdu, seules subsistaient quelques photographies de l'acteur jouant la créature, Charles Ogle, dans un costume qu'il avait lui-même confectionné. Ce n'est que dans les années soixante-dix que l'ont découvrit les deux ou trois bobines qui constituaient le film dormaient depuis quelques temps dans un grenier du Winsconsin. Une fois restaurées, et l'état du film laisse penser qu'il y avait du travail, elles purent enfin être montrées aux curieux.

Là, c'est vrai que si on est pas habitué, ca fait mal aux yeux.

 

Inutile de préciser, je pense, qu'à l'époque le cinéma n'avait pas le même rayonnement qu'aujourd'hui, les exigences du publics étaient aussi tout autres. Un film moyen en 1910 ne dépasse pas un quart-d'heure, vingt minutes (la pellicule coûte cher, très cher), les décors se résument souvent à des toiles peintes derrière une scène et les acteurs sont en tout et pour tout cinq ou six. A noter, en plus, que bien des acteurs méprisent le cinéma et refusent catégoriquement de tourner dans un film pour ne pas prendre part à ce qui est, à l'époque, considéré comme une vulgaire attraction foraine.

Bien qu'en noir et blanc, le film était souvent projeté en utilisant des calques colorés pour donner plus de relief aux scènes.

 

Adapter en un quart d'heure un livre de deux-cent cinquante pages peut sembler compliqué. En réalité, l'adaptation est très libre (vous vous en doutiez), Frankenstein découvre le secret de la vie, il crée un monstre, le monstre se rebelle... chaque scène donnant lieu à un tableau dans un décor fixe. Notons que, contrairement à la plupart des films sur « Frankenstein », ce n'est pas en assemblant des morceaux de corps que le docteur crée son monstre mais en mélangeant des ingrédients dans une vasque et en les faisant cuire dans un four géant. La scène de la naissance du monstre est, d'ailleurs, assez bien réussie: le réalisateur (James Searle Dawley) a filmé la combustion d'un mannequin qu'il a ensuite passée à l'envers, donnant l'impression que le monstre se lève, passant de l'état de squelette à celui d'être plus ou moins humain. L'effet devait être saisissant à l'époque, il l'est encore aujourd'hui.

lt's alive! It's alive!

La morale est assez éloignée du livre (si ce n'est qu'à trop vouloir jouer les apprentis sorciers, on en subit les conséquences), ce qui arrive souvent lorsque Frankenstein est adapté à l'écran: la célèbre version de 1932 avec Boris Karloff se finit elle aussi sur un happy end assez peu fidèle à l'œuvre de Mary Shelley. En définitive, « Frankenstein » est un de ces morceaux d'Histoire qui sont encore plus intéressants du point de vue culturel que du point de vue artistique, si vous avez un quart-d'heure un jour, je ne saurais que vous conseiller de vous jeter sur ce film.

 

Fiche technique:

Titre orignal: « Frankenstein »

Réalisateur: James Searle Dawley

Procducteur: Thomas Edison

Pays: Etats-Unis

Durée: 13 mn

Année: 1910

Genre: Et le septième art pris vie

 

BONUS: Le film ayant cent ans, il est tombé depuis longtemps dans le domaine public et est visionnable ici

Publié dans Cinéma

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