Bulk l'Invicible (The Amazing Bulk)

Publié le par Antohn

Je t’ai déjà dit, lecteur que j’aimais aller à des soirées nanars ? Oui peut-être, une foisdeux… bon, à plusieurs reprises en fait. Paradoxalement, je vous en parle assez peu alors que les films bizarres sont quand même la base de ce blog. À cela plusieurs facteurs : je me disperse un peu, vu que depuis deux ans j’ai un nouveau terrain de jeu (Podsac, le PODcast Sérieusement Accro au Cinéma), les films projetés ont souvent été traités en long en large et en travers par des gens meilleurs que moi et, il faut bien le dire, nombre de ces films sont moins des nanars que des séries B gentiment kitschs.

Et puis il y a des cas où l’appartenance dudit film à l’engeance nanardesque ne fait aucun doute et c'est le cas de THE AMAZING BULK.

 

Intérêt supplémentaire de cette œuvre : sa programmation lors d'un récent Cinéma de Clapier à Paris coïncidait avec la sortie chez BZZ Vidéo de sa version française. Oui, il y a une version française de cette chose qui, sous des dehors d'enième mockbuster est en réalité un candidat sérieux aux places d'honneur lorsqu'il s'agira de lister les nanars de haut vol.

A l’origine de THE AMAZING BULK se cache TomCat Films (ou Summer Hills Entertainment, ou Laybl Productions, c'est assez nébuleux), un label dont le catalogue est assez éloquent. En gros, leur spécialité c’est le film d’horreur à (très) petit budget et la copie de films ayant plus ou moins marché, copies sortant alors sous des titres tels que INDEPENDANCE WARS, PARANORMAL DIMENSION ou JURASSIC PREY. La réal est souvent confiée au premier qu’ils ont sous le coude, sait utiliser une caméra et tenir un budget; quant à l’interprétation, elle est confiée aux premiers qui savent retenir leur texte et qui acceptent de tourner contre un sandwich. Le tout donne des films à la portée artistique limitée mais dont le but est surtout d’être vendus à des chalands un peu naïfs ou peu regardants.

Bulk l'Invicible (The Amazing Bulk)
Bulk l'Invicible (The Amazing Bulk)
Bulk l'Invicible (The Amazing Bulk)
Bulk l'Invicible (The Amazing Bulk)
Bulk l'Invicible (The Amazing Bulk)
Bulk l'Invicible (The Amazing Bulk)
Bulk l'Invicible (The Amazing Bulk)
Bulk l'Invicible (The Amazing Bulk)
Bulk l'Invicible (The Amazing Bulk)
Bulk l'Invicible (The Amazing Bulk)

Là où il se démarque c’est que son réalisateur, Lewis Schoenbrun a eu l’idée d’accentuer le côté comic en faisant évoluer des acteurs en chair et en os dans des décors virtuels. Sur le papier, ce qui peut sembler une bonne idée l’est moins quand vous avez pour ce faire des fonds équivalents au budget “doudounes à fourrure” d’une caravane de touaregs. Que faire donc ? Et bien utiliser des éléments et des décors trouvés gratuitement dans des bases de données sur Internet, y compris pour le monstre donnant son nom au film ! Le résultat est, visuellement, au delà de l’ignoble et le pire dans tout ça c’est que ce film, tourné en 5 jours en 2008 n’est finalement sorti qu’en 2012, le temps de trouver et d’intégrer toutes les petites merveilles qui donneront son identité visuelle au film.
Bon, en gros ça donne ça :

Tu a vu où je t’embarques lecteur ? Tu veux poursuivre ? Je vais te dire une chose : j’ai rarement vécu une projo de nanar aussi intense tant THE AMAZING BULK ne s’arrête jamais, commençant assez doucement pour aboutir dans un climax d’anthologie dont je ne suis pas sûr de m’être totalement remis.

Mais ça je te laisse le découvrir par toi même (tu me remerciera plus tard), occupons-nous plutôt du DVD en lui même.

Ceci, donc.

Ceci, donc.

D’abord, tu constatera que le film se paie un titre français et la mention “Le pire film de l’histoire du cinéma”, ce qui a le mérite d’être clair. Et si tu en doutes, lecteur (ou si tu a pris le dvd à l’envers), un second avertissement se trouve au verso.

A l’intérieur, outre la galette, se trouve un petit fascicule, dont les deux première pages sont consacrées à la présentation du film et de ses principaux artisans. Les suivantes sont occupées par un mini-épisode de comic-book où l’on voit un certain Gordon Steele se battre contre l’infâme Docteur Doom. Le ton est caricatural, le dessin typique de cette époque où les dessinateurs devaient fournir 5 planches par semaines et donc ne soignaient pas trop les détails… disons qu’il semble surtout être là pour nous rappeler ce qu’était un comic à l’époque où Lewis Schoenbrun en lisait (et expliquer deux-trois trucs). Ou alors il a une autre utilité et fait référence à quelque chose qui m’échappe, ce qui n’est pas impossible.

Le contenu du disque est également assez intéressant. Déjà vous avez le film, en VO mais également en VF. L’occasion pour moi de saluer le travail des doubleurs de BZZ Video qui ont réussi à garder l’esprit du film d’origine, en gardant les intonations un peu foireuses des acteurs originaux mais sans essayer d’en faire trop non plus. On aurait pu craindre un faux doublage volontairement nanardesque et c’est un piège dans lequel ils ne sont pas tombés (et même s'il y a des répliques et des accents stupides, tous sont d’origine).

Outre un making-of de 2 minutes (tu te demandes à quoi ressemble un making-of de 2 minutes ? Surprise !), sachez que vos prunelles, déjà bien amochées, pourront se régaler avec quelques scènes supplémentaires coupées au montage (on se demande pourquoi).

Notons également la présence d’un court métrage humoristique (volontairement celui-là), “Voyage dans la dimension Z”. Pour faire court, il s’agit d’un film d’une vingtaine de minutes, muet, en noir et blanc, réalisé par l’équipe de doublage et dont l’intrigue sert surtout de prétexte à rendre hommage aux vieux films d’exploitation, que ce soit Méliès, Roger Corman, LES VAMPIRES de Louis Feuillade… avec une dose de péplum mythologique, de références à Jules Verne et de films de dinos pour faire bonne mesure (que du bon, donc !).

Prenez ça comme une preuve supplémentaire que nous avons affaire ici à des passionnés et non à des types qui se seraient contentés de tirer sur l'ambulance pour gratter quelques euros et ça ça fait du bien.

A l’heure où j’écris ces lignes, le dvd n’est pas encore dans les bacs [edit : maintenant si]. Les seuls qui ont pu le voir sont ceux qui ont participé au crowdfunding de BZZ Video et quelques chanceux, dont je fais partie, qui ont pu quitter les projos du film avec un exemplaire de cette merveille. En passant par là, dédicace à quelqu’un qui se reconnaîtra et sans l’intervention de qui cet article n’aurait pas été possible tel quel (et à qui la rédaction du Brocoli présente une nouvelle fois ses excuses pour le dixième perdu à chaque œil suite au visionnage de cette oeuvre).

La bonne nouvelle c’est qu’il sera mis en vente dans peu de temps (et à ce moment-là je mettrai à jour cet article), avec quelques autres curiosités du même acabit et ce pour une dizaine d'euros environ (d'après ce que j'ai compris). Pour ma part, j'ai déjà repéré quelques perles qui risquent, si tout ce passe bien, de finir elles aussi sur ce blog.

Si le projet de BZZ Video vous intéresse, je vous mets le lien vers leur page Ulule, où l'on apprend que leur projet à l'origine était de créer la "BZZ Box", un service d'abonnement qui devait vous livrer tous les mois un film de série B ou Z (d'où le nom), assorti de quelques goodies. Il a échoué malheureusement et j'avoue regretter de ne pas en avoir eu vent à l'époque. Il ne reste qu'à espérer que le succès de leur dernier projet leur donne envie d'en créer d'autres.

Et promis ce coup-ci je serai là !

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