Vite Vu : Evolution

Publié le par Antohn

Vite Vu : Evolution

Vous commencez à me connaître, j'ai un peu tendance, en matière de ciné, à être attiré vers le bizarre et tout ce qui, pour de bonnes ou mauvaises raisons, sort des sentiers battus. Prends moi pour un cuistre ou un misanthrope si tu le souhaites, lecteur, mais aller voir un chef d’œuvre méconnu dans une salle de ciné minuscule et quasi déserte fait partie de mes petits plaisirs de la vie.

Ceci dit, ce plaisir se double souvent du regret de savoir que tel ou tel film ne sera jamais reconnu à sa juste valeur. J'avais déjà vaguement abordé ce sujet quand j'avais parlé des "Filles au Moyen-Âge" mais je suis toujours déçu de voir un film ne sortir que dans une poignée de salles alors qu'il était porteur d'originalité et d'ambition. Ne connaissant pas grand chose à la production cinématographique, je m'abstiendrai de toute conclusion hâtive. Mais, bon, de mon modeste point de vue de spectateur, j'ai quand même le sentiment que la frilosité prédomine chez les distributeurs. Sentiment renforcé part le fait qu'il ne se passe pas une semaine sans que l'on nous annonce un reboot, un remake ou une suite, parce que "les gens veulent voir ça".

Et puis, bon, nous sommes en France où la mentalité prédominante est qu'au cinéma il existe des genre majeurs et des genre mineurs. Un film fantastique se verra immédiatement caser dans la catégorie des "merdes sans intérêt" par des gens qui pour rien au monde ne s'abaisseraient à le voir.

Vite Vu : Evolution

Un cas illustre cet état de fait depuis quelques jours, celui d'"Évolution" de Lucile Hadzihalilovic. Avant de sortir, ce film a fait une demi-douzaine de festivals à travers le Monde où il a récolté plusieurs nominations et récompenses et où il a rencontré un certain succès d'estime. Malgré cela, seules 7 copies se baladent à travers la France et 2 salles seulement à Paris le diffusent.

La raison ? Et bien disons que le film peut paraître assez hermétique à première vue (à la seconde vue aussi, d'ailleurs).

L'histoire raconte celle de Nicolas, un garçon de 11 ans, qui vit sur une île dont les seuls habitants sont des garçons de son âge et des femmes, toutes coiffées de la même manière et vêtues d'une robe beige dans le plus pur style est-allemand. Les deux seules distractions de Nicolas consistent à dessiner sur un carnet et à aller explorer les fonds marins. Ces scènes là sont d'ailleurs le prétexte à des plans d'une beauté rarement égalée. De façon générale, le film est, non seulement réalisé avec brio mais l'éclairage est.... comment dire...

Cette lumière je veux l'épouser et lui faire des enfants !

Vite Vu : Evolution

La beauté de la mer contraste d'ailleurs avec l'austérité de la terre : le sable noir de la plage, les maisons à l'aménagement minimaliste, le brouet assez infâme qui semble être l'ordinaire de tout le monde et ces mères qui dispensent un amour artificiel dont personne n'est dupe. Plus austère encore est l'hôpital où chaque enfant doit aller pour subir des opérations aux buts mal définis. C'est paradoxalement dans cet endroit que Nicolas rencontre sa première véritable figure maternelle en la personne d'une infirmière. Et Dieu sait que Nicolas que va avoir besoin d'aide car, contrairement aux autres enfants, il ne se contente pas de ce qu'on lui raconte, comprend assez rapidement qu'on lui ment et qu'il se passe des choses étranges dans cet hôpital.

Comme je te le disais, lecteur, ne t'attend pas à une réponse définitive, ce n'est pas le propos du film. Avant de raconter une histoire, "Evolution" est une parabole sur le passage de l'enfance à l'adolescence, cette période où le corps change en même temps que notre vision du monde s'élargit. C'est l'âge où l'on se forge également un esprit critique et où tout ce que disent et pensent les adultes n'est plus parole d'évangile. Tout du moins, c'est comme cela que je l'ai interprété, tout en sachant que certains degrés de lecture m'ont probablement échappé.

Quant à te dire si j'ai aimé ce film ? Je serais incapable de le dire. Ce film est à la fois beau et inquiétant, poétique et angoissant, optimiste et pessimiste. Reste une seule certitude : je n'avais jamais vu un film pareil et c'est parce que j'y découvre ce genre d’œuvres que j'aime aller au cinéma.

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