Vite vu : Le Faucon
Si des parisiens lisent ce blog, certains ont peut être déjà entendu parler d'un bar nommé "La Cantada II". Pour faire simple, il s'agit d'un bar situé dans le XIe arrondissement et qui appartient à cette catégorie d'endroits sympathiques où on écoute du rock, où on mange bien et où on boit bien. Pas de mal de bar parisiens ont ces caractéristiques mais là où la Cantada se démarque c'est que, deux jeudis par mois, on y diffuse également des nanars dans des soirées sobrement nommées "Pas de pitié pour les navets". Là, on passe au delà de "l'endroit sympathique". Comment dire... s'il y a un au delà, sous réserve d'avoir été suffisamment sage et si le Big Boss m'écoute je tenais juste à lui dire que, pour ma part, le Paradis devrait ressembler à ça. (C'était ma minute "Fuck la mesure", passons à la suite).
Quoi qu'il en soit, je me suis donc rendu à la Cantada et me suis retrouvé, en compagnie d'une vingtaines d'autres passionnés à regarder la pépite dénichée par nos hôtes. Pas de référence incontournable, ce coup-ci mais un nanar policier méconnu : "Le Faucon" de Paul Boujenah, avec Francis Huster.
Pour ceux qui suivent ce blog depuis quelques temps, le nom de Paul Boujenah risque d'éveiller de vieux souvenirs. Il y a de cela quelques années, j'avais chroniqué son premier film : "Fais gaffe à la gaffe", adaptation plus ou moins officieuse de Gaston Lagaffe. Je me rappelle avoir été déçu par ce film mais avoir pris énormément de plaisir à écrire mon article, compte-tenu des souvenirs qui lui étaient liés. On sentait dans "Fais gaffe à la gaffe" un certain enthousiasme et le fait que le film était, dès le début voué à l'échec, masquait le fait qu'il s'agissait quand même d'une comédie navrante. Là, il y a moins d'enthousiasme et, au risque de vous gâcher la surprise, rien ne vient masquer le fait que "Le Faucon" soit un polar navrant.
A la base, il s'agissait d'un hommage aux polars avec Belmondo où un flic torturé et aux méthodes brusques mettait fin aux agissements de l'ennemi public numéro 1. Ici, faute de Belmondo, on a Francis Huster, dans le rôle de Frank Zodiak (alias "Le Faucon"), un as du 36 Quai des Orfèvres, torturé par la mort de son ex-femme dans un accident de voiture qui a également laissé sa fille dans le coma. Frank Zodiak (alias "Le Faucon") est donc un homme brisé, ce qui ne l'empêche pas d'être le meilleur homme de la Police Criminelle, car le surnom de Frank Zodiak (alias "Le Faucon") semble essentiellement venir du fait qu'il est entouré de vraies buses. Par exemple: lorsque Gustave Savor, l'ennemi public numéro 1 s'évade, il semble être le seul à en avoir quelque chose à foutre.
Et oui, le type qui cabotine c'est bien Vincent Lindon !
A la décharge des collègues de Frank Zodiak (alias "Le Faucon"), Savor n'a pas l'air d'être un psychopathe inarrêtable. Bon, il tente bien le braquage d'un magasin de peluches et prend un gamin en otage (gamin qui semble n'en avoir rien à faire, soit-dit en passant), mais il passe la majeure partie de son temps à fuir et je n'ai même pas le souvenir qu'il ait une ligne de dialogue, ce qui en fait plus une cible mobile qu'un antagoniste redoutable. Ajoutons à cela que Frank Zodiak (alias "Le Faucon") semble doué d'un sixième sens qui lui permet de deviner par avance les cachettes de Savor et même... la radio qu'il écoute ! Cette capacité est d'ailleurs prétexte à une scène absolument nawakesque où Frank Zodiak (alias "Le Faucon") hijacke une radio libre pour balancer des menaces à sa némésis. Le pire étant que cette scène n'a aucune utilité, si ce n'est de nous montrer, si besoin est, que Frank Zodiak (alias "Le Faucon") ne plaisante pas.
Les scènes inutiles, c'est d'ailleurs le principal défaut du film : sur une heure vingt de métrage, il y a bien trois quart d'heure qui ne servent strictement à rien. Les scènes, notamment, où Frank Zodiak (alias "Le Faucon") rend visite à sa fille, sont, certes, nécessaires mais s'étirent à ce point en longueur qu'elles en deviennent plus pénibles qu'émouvantes... surtout lorsqu'il se met en tête de réciter des tables de multiplication à une gamine dans le coma luttant pour sa vie !
En définitive "Le Faucon" est une sorte de sous-"Peur sur la ville" qui n'a gardé du film original que le gentil flic et le méchant criminel et qui ressemble d'avantage à une partie de cache-cache qu'à un thriller haletant. Les personnages ne sont absolument pas fouillés, les dialogues sont navrants et les quelques tentatives d'humour tombent à plat ("Vous ave vu l'armurier ? Il est myope et il croit que le héros c'est un braqueur, lol !"). En fait, le seul à prendre les choses au sérieux c'est Francis Huster, qui est le meilleur élément du film.
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Et si on m'avait dit que j'écrirais ça un jour !