Vite-vu : Starry Eyes

Publié le par Antohn

Vite-vu : Starry Eyes

Je pense qu'un jour je le ferai : je m'arrangerai pour prendre une semaine de vacances pendant le Paris Fantastic Film Festival (le PIFFF quoi) et je passerai mes journées au Gaumont Opéra. A chaque fois que j'y vais, j'y découvre des films que je n'aurais probablement pas pu voir ailleurs et comme j'en ai rarement vu. C'est là que j'ai vu "The Wicker Man", dont je vous parlais il y a deux semaines, c'est également là que j'ai découvert Clive Barker (et le jour où je trouve le dvd de "Cabal", je vous garantis qu'il se fait brocolifier avant d'avoir compris ce qui lui arrive).

Faute de temps, je me rabat donc sur un seul film par édition et la victime de l'édition 2014 s'appelle "Starry Eyes", un film bien plus récent que ce que j'ai l'habitude de chroniquer ici, mais qui mérite que je fasse une exception. Tout d'abord parce que le titre reprend celui d'une chanson de Mötley Crüe (et j'aime bien Mötley Crüe, chacun ses vices), mais également parce que ce film a une genèse assez intéressante. A l'origine, il y avait un autre projet du duo de réalisateurs, qui ne vit jamais le jour. Il avaient quand-même eut le temps de faire passer des castings et prirent conscience du quotidien des milliers d'acteurs en devenir courant à travers Hollywood en attente de la gloire.

Et certains peuvent aller loin pour décrocher le rôle de leur vie et sacrifier plus que leur dignité.

Vite-vu : Starry Eyes

Regardez Sarah, par exemple (Alex Essoe, qui, par ailleurs, est particulièrement géniale). Comme des tas d'autres, elle a quitté sa campagne pour monter à Los Angeles, où elle est décidée à percer. Comme des tas d'autres, elle est persuadée qu'elle est unique en son genre et qu'elle a du talent. En attendant, elle travaille comme serveuse chez "Big Taters", une sorte de mélange entre "Hooters" et "La Pataterie", afin de payer le loyer de sa colocation. Comme des tas d'autres, elle y vit avec une tribu d'amis venus chercher la même chose qu'elle, amis qui peuvent également devenir des concurrents et dont elle n'espère le succès qu'à la condition qu'ils réussissent après elle. Et c'est réciproque.

Comme des tas d'autres, elle court les castings et se fait rembarrer sans ménagements à coup de "On vous rappellera". Comme peu d'autres, par contre, elle a pour habitude de s'arracher les cheveux par poignées pour évacuer sa frustration. C'est justement cette particularité qui va la faire remarquer par un duo de casteurs têtes à claques. Parce qu'elle arrive à se lâcher comme personne, la voilà fortement pressentie pour tenir le premier rôle d'un film d'horreur, "The Silver Scream".

Je dis bien "fortement pressentie" car pour avoir le rôle, on va lui faire rapidement comprendre qu'il va falloir accorder certaines faveurs à un vieux producteur libidineux. Et voilà Sarah face à un choix qui va lui apporter énormément... et lui prendre énormément car ce producteur n'est pas ce qu'il semble être.

Vite-vu : Starry Eyes

Car Sarah va comprendre trop tard que, lorsqu'on lui demandait d'être elle-même, d'abandonner son corps et son esprit, c'était au sens propre du terme... et tant qu'à faire, si elle pouvait laisser tomber son âme, ce serait bien aussi. Et le spectateur d'assister à une métamorphose aussi bien physique que morale.

"Starry Eyes", tout compte fait, n'est pas sans pas rappeler le mythe de Faust, à ceci près que Sarah vend son âme pour un quart d'heure de célébrité là où Faust la vendait pour une vie de plaisirs. Certains y verront également un récit allégorique sur la soif de succès, sur ces gens prêts à écraser les autres pour arriver à leurs fins et obéissent à cette règle stupide du "tu dois oublier que les autres sont tes amis".

De toutes façons, n'attendez pas de fin morale ou édifiante: tout au long de l'histoire, il y a suffisamment d'humour noir et de second degrés pour que cet espoir soit rapidement balayé. Vous n'avez toutefois pas besoin d'un film pour savoir que la faiblesse n'est pas de ne pas être prêt à tout sacrifier pour un but. La vraie faiblesse et de ne pas savoir ce qui est sacrifiable.

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